Les french success

Le cinéma francé se porte bien? Oui, paraît-il… Mais attends, public, voyons çà de plus près:

Si la balance commerciale française s’enfonce toujours plus dans le rouge, ce ne sera pas la faute du cinéma: avec près de 80 millions d’entrées réalisées à l’étranger (presque autant que chez nous), le cinéma français tient son meilleur score à l’exportation depuis au moins 15 ans. C’est mieux encore qu’en 2005, année du phénomène mondial déclenchés par les manchots de La marche de l’empereur.
L’information est réjouissante en soi, il faudrait pouvoir la propager ainsi, sans savoir ni dévoiler le détail des chiffres. Car ce record quantitatif masque quelques paradoxes (restons corrects) beaucoup moins reluisants. En parcourant les classements publiés par l’organisme Unifrance (chargé de promouvoir la production française à l’international), on comprend vite, en effet, pourquoi les Etats-Unis sont, de très loin, le premier client de notre cinéma. Parmi les quatre films français les plus vus à l’étranger, trois sont des clones assumés de films d’action hollywoodiens, gonflés aux stéroïdes et parlés en anglais par des acteurs majoritairement anglo-saxons, à l’instar du Transporteur 3, sorti des usines Luc Besson. L’un d’eux, Taken (même fabricant), avec Liam Neeson, n’a probablement même pas été identifié comme français par ses spectateurs d’ici…
Mais il y a plus ironique encore: le number one 2008 est Babylon A.D., de Mathieu Kassovitz. Lequel a assuré l’été dernier sa promo en dénigrant à tout-va son propre travail, accusant ses coproducteurs américains (la Fox) de l’avoir complètement dépossédé de son oeuvre. Le champion du cinéma français à l’export serait ainsi un film américain raté.

« Pas franchement french », un article de Louis Guichard
(©Télérama n°3080 du 24 au 30 janvier 2009)

 

Comme quoi les apparences, des fois…

Franck.

Laisser un commentaire